L'appel
Parce qu'il faut bien que je commence par le début même si tout se bouscule encore un peu dans ma tête, voici le dernier souvenir qu'il me reste avant le ""cauchemar"...
Samedi 28 mai, 22h, mon portable de greffe sonne. Un numéro de portable. Je crois à une erreur mais forcément je décroche quand-même:"Allo, Professeur Jougon à l'appareil, vous êtes bien Madame Born Arnoux - Oui, monsieur. - Voilà nous aurions une paire de poumons qui pourrait vous convenir alors seriez-vous prête à venir?" Les mots restent coincés dans ma gorge "C'est un sacré cadeau de fête des mères que vous me faites là!! Très bien j'en ai pour 2h de route. -Parfait nous vous attendons vers minuit trente alors, à tout à l'heurer"
Une fois raccroché, je n'y crois toujours pas, ce n'était pas un blague!!!! Ludo n'a pas attendu la fin de la conversation pour avertir la puce: ça y est on vient d'appeler maman pour sa greffe!!!
Tout le monde se regarde d'un air ébahi, on a tous du mal à comprendre...
Mais la puuce ne perd pas tant les choses de vue: maman tu seras pas là pour ta fête alors, je peux t'offrir ton cadeau maintenant? -Bien sûr mon ange!!!
La voilà partie à fond récupérer sa carte et dans la foulée elle attrape le fameux dessin "stop à la muco" et le déchire en mille morceaux! Tu as raison ma choupette, la muco c'est fini!!!
Et puis vient le moment des au revoir, l'ambulance a fait très vite, il ne faut pas perdre de temps.
Je serre mes chéris encore une fois très fort dans me bras, je le aime tant... Bien sûr en partant je me demande si c'état la dernière fois de ma vie que je les voyais, mais je n'y pense pas trop, je pars sereine malgré tout.
Le trajet qui me faisait si peur n'a pas été si pénible et puis ça a été vite: à 160/180km/h forcément c'est plus rapide...
Arrivée au Haut Lêvêque, de nuit forcément il n'y a personne, il faut décrocher un téléphone d'urgence: c'est pour la greffe dit mon ambulancière. On nous ouvre.
Nous voilà arrivés à mon étage, une infirmière et une aide soignante n'attendent que moi: le bloc est prévu pour 6h, les poumons ne sont pas encore prélevés. Pourtant là encore ça passe très vite, on me pique, je me douche à la bétadine, on fait l'inventaire de mes objets, on m'explique comment tout ça va se passer et puis qand même on me donne une bricole pour dormir...
Je dois dormir un peu moins de 3h, à 6h15 on vient me chercher. Je demande des infos sur le greffon, surtout en terme de taille et sérologie: il a l'air parfait. Juste le temps d'envoyer un dernier sms à mon chéri et c'est parti.
Me voilà sur la table d'opération, encore une fois des gens adorables autour de moi qui me font parler de tout , de rien, de mon accent et l'anesthésiste qui dit "on ne devrait jamais quitter le sud-ouest" et là-dessus Séve 1.0 s'en est allée...