Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Histoire d'une deuxième vie.
5 septembre 2011

C'est la rentrée...

Et oui ça y est, c'est la rentrée, rentrée scolaire, dernière année de primaire pour mon "bébé", dur! Mais c'est aussi un peu ma rentrée, mon retour à la vie normale après mon bilan de sortie à Bordeaux la semaine passée. Retour à la vie tout simplement. Reprise de contact avec tous ces gens qui m'ont tant soutenue, soutenu ma fille aussi: elle a eu des maitresses en or dans ces moments difficiles... Beaucoup d'émotions, les larmes au bord des yeux à croiser tous ces gens qui sont si heureux pour moi. Ne pas craquer quand une amie me prend dans ses bras... Mais c'était le jour de ma poulette, sa rentrée de "grande" alors j'ai tenu le coup, même en allant embrasser sa maîtresse de l'an dernier qui a été si compréhensive et qui m'a tant touchée en me décrivant à quel point je pouvais être fière de ma fille même si je n'en ai jamais douté...

A bien y réfléchir, je suis submergée par mes émotions depuis la semaine dernière, lors de mon bilan de sortie, bilan des 3 mois de greffe en fait parce que j'étais sortie du circuit médical depuis 15 jours déjà. Mon bilan s'est bien passé: nouvelle fibroscopie, scanner, EFR (Exploration Fonctionnelle Respiratoire, bref test de souffle), échographie cardiaque, scintigraphie pulmonaire. Les résultats sont plutôt bons même si le pyo fait de la résistance. Je suis donc sortie avec 10 jours d'antibiothérapie orale + des aérosols d'antibiotiques jusqu'à nouvel ordre (en gros jusqu'à ce  que cette saloperie me fiche la paix!) On a également augmenté légèrement mes anti-rejets, le dosage était un peu trop bas au goût de ma pneumo. Parfait après un an de greffe, mais à 3 mois c'était un peu juste. Et puis enfin, le droit de sortir définitvement du gyron médical et de reprendre une vie normale ou plutôt de commencer ma nouvelle vie!!

Du coup, le "stress" de la rentrée passé, j'ai commencé le sport: step, muscu, et autres "body-machins" en tout genre... Je suis très peu chez moi, je bouge sans cesse, pour tout et n'importe quoi. J'ai fait une rando dans les Pyrénées dimanche dernier et je me sens vraiment bien. Seul petit hic, l'augmentation des anti-rejets a eu pour conséquence de décompenser mon diabète. Me voilà insulino-dépendante, mais enfin c'est toujours mieux qu'oxygéno-dépendante. Et puis j'ai encore l'intention de prendre du poids alors aucune restriction et vive l'insuline!!!

Tout ça est ma foi très positif, un nouveau départ à la hauteur de ce que j'attendais. Ma fille me dit même que lorsqu'elle parle de moi avant elle a l'impression de ne pas parler de la même personne, tout est dit.

Pourtant je sens que tous ces mois passés ne sont pas encore oubliés, tout ce changement n'est pas encore tout à fait admis, tout à fait accepté. Il m'a suffi de me retrouver dans ma chambre d'hôpital la semaine dernière pour le comprendre. Me retrouver face à un des anesthésistes de mes 3 semaines de réa et de revenir sur cette période pour avoir les larmes qui me montent aux yeux. "Je me rappelle de votre période de réa, me dit-il (et moi donc!), ça n'a pas été facile pour vous je m'en souviens! Allez penser à autre chose maintenant, allez de l'avant!" Et puis il s'est eclipsé parce que lui aussi semblait troublé par les larmes qui emplissaient mes yeux. Cette période a fait de moi quelqu'un d'autre. Je suis quelqu'un d'autre. Et je n'ai pas encore oublié ou peut-être accepté toute la souffrance qu'il m'a fallu endurer pour y arriver. Je montrais des photos de l'hôpital à mon mari cet après-midi qui me disait: ça me parait si loin tout ça déjà, pas toi? Et moi de lui répondre juste avant de m'effondrer en larmes: Pas vraiment non...

C'est alors que j'ai compris pourquoi je n'arrivais plus à écrire sur ce blog. Ce billet, je l'ai commencé le jour de la rentrée, pas moyen de le terminer. Je fuis pour l'instant les 3 mois passés, j'avance aussi vite que je peux pour m'en éloigner, je n'arrive plus à en parler. Revoir une photo de moi en réa me fait fondre en larmes. J'ai pourtant mis pas mal de photos sur ce blog, et pas des plus avantageuses avant la greffe. Mais celles de réa sont trop dures, je ne m'accepte pas dans cet état. Peut-être un jour mais c'est trop tôt. Je suis Séve 2.0, qu'on ne me parle plus de la Séve d'avant et encore moins de la Séve pendant... Paradoxalement je sais qu'il faut que j'exorcise en quelque sorte tout ce qui reste coincé au fond de ma gorge, au fond de mon coeur. Il m'était plus facile de parler de tout ça quand j'étais encore dans un environnement médical, comme en centre de rééducation. Mais me replonger là-dedans maintenant me remue les tripes. Je veux avancer et pour ça je dois accepter mon passé. Alors tant pis, j'écris. Ce soir tout est sorti (ou presque), justement à cause de ces photos de l'après-midi. Ce blog m'a aidé tout au long de mon attente et il m'aide encore aujourd'hui mais il faudra tourner la page. J'ai encore des choses à raconter, un chapitre entier à mettre en mot: la Pignada, mon centre de rééducation, ma "maternité" de nouvelle greffée. Mais je crois que lorsque ce chapitre sera clos, la boucle sera bouclée.

Certains (beaucoup même) me disent de faire un livre avec mon histoire. Peut-être. Il faut que je sois prête pour ça. Oui je le ferais sûrement mais j'ai besoin de temps.

Alors chers lecteurs, profitez de ces derniers articles parce que bientôt la page sera tournée, au sens propre comme au figuré...

Publicité
Publicité
Commentaires
P
Prends ton temps...
Histoire d'une deuxième vie.
Publicité
Archives
Visiteurs
Depuis la création 65 950
Publicité