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Histoire d'une deuxième vie.
2 janvier 2015

L'âge de raison.

Il paraît que l'âge de raison se situe aux alentours des 7 ans. Je n'en ai que la moitié : 3 ans et demi et quelques miettes de nouvelle vie.

Pourtant, je crois que j'ai fait le tour et qu'au-delà de mes rêves et de mes espoirs, j'ai fini par me trouver. En fait, je me suis REtrouvée...

J'ai mis un mouchoir sur mes ambitions, j'ai fait un trait sur mes illusions, j'ai compris ce qu'était la raison.

Je suis greffée, pas guérie.

Je suis muco et j'ai bientôt 35 ans (sisi je vous assure, 35 ans de maladie, ça use des os en passant par l'ouïe et la plupart de mes organes, j'envie les sexagénaires pleins de vie  ^^)

Je suis maman d'une ado dans toute sa splendeur qui gère son lot de galères aussi.

Je ne peux pas faire ce que "la vie" ne me permet pas de faire.

"Quand on veut, on peut !" Je suis d'accord dans certains domaines : se donner les moyens de réaliser ses projets, se donner les moyens de pousser les murs, de s'approcher au plus près de nos buts, ne pas rester figé dans la fatalité. Mais pourtant, on ne peut pas être maître de son destin dans tous les domaines, on est né avec des cartes en main. "Quand on veut, on peut !" Et si on arrêtait de mourir, tiens ! C'est vrai après tout, quand on veut se battre contre la maladie, on peut. Alors franchement, Cédric, Am. , Al. et tant d'autres, il suffisait de le vouloir pour ne pas mourir ! Ridicule !

Ce monde est trop souvent ridicule : on passe sa vie à rêver de ce qu'on pourrait faire parce qu'on ne se satisfait pas de ce qu'on vit. Paradoxe. Et si on vivait tout simplement ?

Facile de l'écrire, en serais-je capable ? C'est une autre histoire.

J'ai des rêves bien sûrs, certains réalisables et je ferais tout pour les atteindre, d'autres innaccessibles, je me fais une raison petit à petit. J'accepte. Encore. Mais c'est ça aussi la vie. Accepter et cesser de se battre quand ça permet d'avancer.

Aujourd'hui, je me sens plus sereine, j'ai cessé de me chercher. Aujourd'hui, j'ai accepté que ma vie après greffe ne serait pas celle dont j'avais rêvée.

Des questions subsistent bien sûr mais elles ne sont plus dans le pourquoi mais dans le comment : comment vais-je pouvoir m'accomplir professionnellement sans mettre en péril ma santé et la scolarité de mes élèves ? Comment vais-je arriver à être à la hauteur des attentes et de mon homme ? Je suis bien incapable de gérer un travail, la maison, être présente pour ma fille, pour mon homme. J'en oublie de penser à moi. Alors je m'organise. Enfin, je vais essayer : demander de l'aide. Ce n'est pas simple mais c'est un pas à faire pour approcher un peu plus du bien-être vers lequel je tends.

Ma fille grandit à une vitesse vertigineuse : dernière année de collège déjà. Période délicate je l'avoue. Période de l'affirmation de soi en affrontant maman mais pour rien au monde je ne râterai même la moindre engueulade ! Elle grandit, quel plus beau cadeau pourrait bien me faire la vie ?

Alors j'ouvre grand les yeux, je prends tout ce que je peux, je rame parfois encore un peu mais je ne cours plus après des chimères : la vie qu'on m'avait promise n'existe pas. En tous cas, pas pour moi.

J'accepte, c'est ainsi, j'ai grandi. J'ai atteind l'âge de raison...

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