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Histoire d'une deuxième vie.

7 décembre 2016

Respire ta vie

Deux billets par an, ça ne ressemble plus à grand chose mais je tiens malgré tout à laisser vivre ce blog, pour partager avec ceux qui m'ont suivie les moments forts qui jalonnent le cours de cette nouvelle vie.

Ma fille aura 15 ans demain, 15 ans de miracle quotidien de la voir grandir, de voir ma crevette d'1.4kg à la naissance se dresser à côté de sa petite maman du haut de son 1.70m aujourd'hui, 15 ans de bonheur indicible mais aussi 15 ans où mon bout de chou a connu bien plus que ce qu'elle n'aurait dû, 15 ans de prise de conscience que la vie n'est pas facile, qu'il faut se battre, chaque jour un peu plus. J'aurais voulu l'épargner, la vie en a décidé autrement. Mon coeur de maman saigne trop souvent mais au-delà de tout ça je suis fière, fière de la jeune fille qu'elle est devenue, fière de voir comme elle est forte. Je sais qu'elle sera une adulte autonome, indépendante, tolérante, aimante, Humaine si ce n'est humaniste, généreuse, ouverte d'esprit. Je sais qu'elle aura acquis un regard hors norme sur la vie, le texte qui suit en est la preuve. 

Ce texte a été la support de son cadeau pour mes 5 ans de greffe. Elle a fait fi de ses angoisses pour se replonger dans cette période qu'elle a vécu à à peine 9 ans, cette période qu'elle a en partie, consciemment ou inconsciemment, refoulée. Ce texte qu'elle a écrit pour moi, elle le lisait dans une vidéo qu'elle a monté sur fond sonore avec des photos qui retraçaient notre parcours. Jamais elle ne m'avait fait autant pleurer. Elle a atteint ce jour-là le tréfonds de mon âme. Ce texte, le voici :

"Chaque jour passe et tu es là, auprès de moi, tu es mal, tu te bats mais tu t'en sors. Tu souffres, tu ne laisses rien paraître mais tu ne tiendras pas éternellement. Tu nous aimes.

Dépendante de ton oxygène, tu ne peux plus bouger, tu ne fais qu'espérer. Un soir, on t'appelle : pour eux, un départ, pour toi, la chance d'une deuxième vie. Je ne réalise pas que je vais être séparée de toi pendant trois mois. Tu t'éloignes sur le chemin, je te regarde partir mais quand vas-tu revenir ?

Un opération, une transplantation. Les médecins sont là mais je suis loin de toi. Je ne réalise pas, je refoule mes idées noires, cette étape est l'espoir d'une nouvelle vie. Derrière ton aquarium de verre je te vois essayer de sourire, ta trachée est encombrée. Ma maman est là devant moi mais je ne la reconnais pas. Je crois même que je t'en veux, tu n'as pas le droit de me faire ça ! Mais je comprends peu à peu que tu fais de ton mieux. 

Les jours passent, tu te rétablis, tu revis. Je retrouve ma maman chérie. On te transfère à la Pignada, toi dans ta chambre, moi comptant tes pas. Maintenant tu gravis la dune du Pilat. Ma maman est de retour après une erreur de parcours. 

Revenue à la maison, je te demande pardon pour ces années de rancoeur mais tu panses mon petit coeur. Première randonnée, tu veux montrer ta force et surtout ta volonté. Je te vois gravir les échelons de ta nouvelle vie.

Et puis, une séparation, on déménage. De nouvelles rencontres, tu fais des expériences, tu tâtonnes, tu cherches ta place, et c'est normal. Chaque jour je te découvre, te redécouvre mais tout ce que je sais c'est que je t'aime. 

Les années passent et tu es là, pour moi, pour nous. Tu es heureuse.

Je ne me souviens que d'un mur immense et nous l'avons franchi, ensemble. Respire ta vie. "

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28 mai 2016

Bon vent camarade !

5 ans. Je ne pensais pas que cette date aurait, pour moi, telle valeur. Un cap, une ligne franchie, une arrivée tout autant qu'un départ.

Il y a 5 ans, je mourais. Celle que j'avais toujours été s'en est allée. A 22h sonna le glas de mon ancienne vie. Je partais vers l'inconnu.

La greffe fut cette pause que j'imaginais et plus encore. Elle fut un arrêt définitif. Celle que je fus pendant 31 ans n'est plus. Je ne parle pas de l'aspect médical, des traitements, parce que de ce point de vue là, ma vie n'est pas si différente (ne vous méprenez pas, je respire, je vis, c'est toute la différence et j'en serai éternellement reconnaissante, je parle ici basiquement de mon quotidien). En somme je ne parle pas de ma vie justement mais de celle que j'étais et de celle que je suis.

Ce 29 mai 2011, à 6h du matin, Séve s'en est allée. J'ai mis 5 ans à apprivoiser cette nouvelle personne que je suis enfin aujourd'hui. 5 ans de doute, d'espoirs, de regrets, de déceptions : cette vie n'est pas celle qu'on m'avait annoncée et au fond de moi, j'en voudrai toujours un peu à ceux qui m'ont trompée, à ceux qui m'ont fait et laissé croire que j'aurai une vie normale. Je ne sais pas ce qu'est une vie normale et je doute que quiconque soit apte à la définir mais ce n'est pas la vie que j'avais imaginée. Bien sûr j'ai connu d'immenses joies et d'immenses satisfactions sur un plan personnel mais comprenez bien, ici, je n'exprime que mon ressenti face à ce que je suis...

5 ans c'est le délai qu'il m'aura fallu pour accepter ce renoncement. 5 ans, c'est le délai qu'il m'aura fallu pour être profondément et intensément ce nouveau moi !

Les amis je meurs ce soir et je renais demain. Les amis, merci d'avoir été à mes côtés pendant ce long voyage qui, au fond, ne fait que commencer. Aujourd'hui, j'ai franchi un cap, je n'ai plus peur. Aujourd'hui, je sais que je peux poursuivre ma route sans me retourner ; aujourd'hui, je sais que je peux passer à autre chose, au moins pour les 5 ans à venir...

Alors, avec une forte pensée pour cette jeune âme qui s'est éteinte tôt ce matin il y a 5 ans, avec le poids de leur peine et la légèreté de ma chance, aujourd'hui la Séve d'il y a 5 ans et celle de ces 5 dernières années qui a nagé entre deux eaux, toutes ces personnes que j'ai été n'ont plus qu'une chose à dire à celle que je suis et ccelle que je serai : 

Bon vent camarade !

28 janvier 2016

Vous allez me manquer.

Aujourd'hui est un jour à nul autre pareil. Aujourd'hui la maladie a encore gagné une bataille. Je me suis rendue. J'ai déposé les armes.

Je n'ai pas voulu ça : arrêter de faire ce que j'aime, avoir l'impression d'abandonner CEUX que j'aime. Et pourtant je suis responsable de mes actes. C'est moi qui ai décidé de réduire mon temps de travail parce que, physiquement je ne tenais plus. J'étais même prête à arrêter de travailler tout court. Et puis ma chef, humaine et attentive, m'a proposé une alternative : ne pas arrêter complètement, garder quelques heures simplement. J'ai eu 2 jours pour réfléchir. Je n'ai pas eu besoin d'autant pour décider. Je crois qu'en sortant de son bureau, je savais déjà ce que je choisirai. J'aime enseigner. J'aime mes élèves. Quel que soit leur niveau, leur caractère, leur origine sociale ou ethnique, ils m'ont TOUS toujours apporté ! Alors, il ne restait plus qu'à choisir les classes que je garderai : les "petits" latinistes en classe de 4ème et 3ème ou les "grands" littéraires en classe de 1ère et Terminale. Des "classes à Bac"... Évidemment, le choix s'est porté sur les grands, pour des raisons professionnelles évidentes.

Il fallait l'accord des grands pontes de l'administration. Je fatiguais : que c'était long de tenir le coup, encore. Attendre une réponse officielle alors que la réponse officieuse était déjà connue... Qu'il me tardait d'enfin pouvoir "souffler", de ne plus avoir que 4 heures de cours par semaine...

La réponse est arrivée vendredi dernier. J'étais soulagée. Et puis un sentiment de culpabilité a pris la place du soulagement. Le jour de l'annonce à mes élèves approchait.

Ce jour, c'était aujourd'hui. Se lever ce matin en me disant que je verrai mes élèves pour la dernière fois a été un sentiment indescriptible. Penser à l'annonce de mon arrêt et à leur réaction m'angoissait au plus haut point. Pour l'annonce, j'ai joué franc jeu, comme toujours. Je suis prof comme je vis, sans faux semblant, sans costume. Rien ne vaut la vérité, rien ne vaut la transparence, rien ne vaut d'être soi-même. De toute façon, je ne sais pas faire autrement. Le silence s'est fait à ses mots "je dois vous dire quelque chose". Il y a eu de l'agitation, il y a eu des questions, il y a eu de l'émotion. Il y a eu une feuille qui est spontanément et discrètement passée dans les rangs pour que chacun puisse mettre un mot. Que de coeurs, que de "on vous aime", une phrase magnifique pour illustrer un dessin "un coeur et des poumons en or"... Que de sentiments lâchés, libérés sur cette simple copie double que je garderai à jamais illustrée par un immense "VOUS ALLEZ NOUS MANQUER"... Ce fut un moment intense, particulier, ne pas savoir comment se dire au revoir... Ça, c'était les "grands" des "petits", les 3ème donc.

Et puis il y a eu l'après-midi. Mes petits 4ème chéris que je suis depuis 2 ans. Je crois que je n'ai jamais vécu une situation où l'oxymore "silence assourdissant" aurait pu être mieux employé. Les visages se sont figés. Au début, ils ne m'ont pas crue et puis les larmes ont commencé de couler... Les voix se sont tues. Incrédules. "Madame, vous allez mourir ? - Un jour comme tout le monde, mais pas aujourd'hui..." J'ai parlé, j'ai tenté de rassurer, j'ai tenté de plaisanter mais l'humeur n'y était pas. Mes petits clowns habituels sont restés muets. Mes élèves plus calmes n'ont cessé de pleurer ou ont soigneusement évité de me regarder. Les sanglots se sont faits de plus en plus forts, de plus en plus présents. J'étais désemparée, je ne savais plus que faire, que dire. J'ai tenté de leur dire que je serai encore là, dans l'établissement, qu'on se croiserait forcément, rien n'y a fait. La sonnerie a fini par retentir, ils n'ont pas bougé. Et puis une petite voix, vous savez celle de celui qui vous a le plus embêtée, celui qui n'a de cesse de se faire remarquer, cette petite voix donc s'est élevée "Madame, je voulais vous remercier pour tout ce que vous avez fait. Vous êtes la meilleure prof qu'on n'a jamais eu. Vous avez su nous écouter et surtout vous avez toujours été là quand on en a eu besoin." Ceux qui avaient retenu leurs larmes jusque là les ont laissé couler. Je dois avouer que les miennes aussi.

Vous, mes élèves, d'aujourd'hui et d'hier, si vous me lisez, sachez que je ne vous oublierai jamais. Sachez que vous m'avez apporté bien plus que ce que je vous ai donné. Vous, mes élèves d'aujourd'hui et d'hier, c'est grâce à vous que j'aime tant mon métier, c'est vous aussi qui me faites avancer. Vous, mes élèves d'aujoud'hui et d'hier, je vous aime dans toute votre hétérogénéité.

Vous allez me manquer.

21 décembre 2015

Coupable !

On m'avait dit : tu auras une vie normale. Beaucoup ont pensé : t'es greffée, t'es guérie ! J'ai presque failli y croire...et je me suis brûlée les ailes.

Dans un monde où il ne fait pas bon montrer ses faiblesses, je suis la reine. Nul ne sait ce que représente une journée de travail dans mon quotidien. En tous cas, nulle personne qui ne soit dans le même cas que moi. Nul n'imagine les douleurs permanentes que mon corps me fait ressentir : je me lève à grand peine le matin tant mon dos me fait souffrir, je dois souvent arrêter net ce que je suis en train de faire tant la douleur fulgurante qui envahit mon ventre est intenable. Je ne parle pas de cette faiblesse incommensurable que je ressens plusieurs fois par jour, si je n'ai pas pu, et c'est souvent le cas dans mon métier, faire une pause à temps pour prendre une collation. Cette bouchée de biscuit ou de barre chocolatée qui manque va avoir des conséquences sur plusieurs heures : la faiblesse en première ligne, ce froid qui m'envahit et qui ne me quittera pas jusqu'au soir quand enfin je pourrai prendre un bon bain chaud parce que je n'ai pas assez d'énergie pour réchauffer mon corps moi-même, quelles que soient les couches de pulls que j'aurais amoncelées. La migraine aussi, qui ne me lâchera pas non plus jusqu'à ce que mon corps, rompu de sommeil, s'endorme enfin, quand mon cerveau l'autorise...

104944134Personne ne sait que je n'ai pas 35 ans physiologiquement, je fais bonne figure, je me maquille, je m'apprête. Je fais même en apparence bien souvent moins que mon âge. Comment oser dire son mal être quand certaines personnes qui pourraient être mes parents me disent "oh mais arrête, tu es toute jeune et pleine d'énergie ! Tu verras quand tu auras mon âge..."  J'ai "ton" âge et même plus, mais c'est à l'intérieur que ça se joue : l'ostéoporose me fait de plus en plus souffrir, je ne peux pas passer la nuit dans la même position, j'ai mal aux os (même en l'écrivant cette phrase a l'air étrange, tu m'étonnes qu'on ne me croit pas !) Mes reins défaillent de plus en plus, mon pancréas n'en fait qu'à sa tête...

Et pourtant ! Ma tête fourmille d'un tas de projets : j'ai repris mes études, je me vois doctorante ; en tant qu'enseignante, je me vois aider les élèves à besoins particuliers ; en tant que maman, je me vois grand-mère, un jour peut-être... Je me sens prisonnière d'un corps qui ne m'appartient pas, qui ne me correspond pas. Je suis devenue comédienne le temps d'une saison, je n'en ai plus la force.

Alors je vis au jour le jour, ça ne me change pas vraiment finalement, CARPE DIEM plus que jamais mais moins que ce que j'espérais.

Pourtant ai-je le droit de me plaindre ? Je suis en vie, certains, beaucoup trop d'ailleurs, sont partis...

Je ne sais, au fond, ce que pensent les gens qui  me côtoient, qui m'entourent mais je me sens, dans  mon incapacité à tenir mes engagements, en mon for intérieur, aux yeux de tous et de la société, coupable.



14 juin 2015

Parce que Facebook ne sait pas tout...

Qu'il est aisé de donner à cet outil de communication l'allure qu'on veut lui donner. Qu'il est aisé de ne montrer que la part de notre vie  que les gens attendent, celle qui montre que je vais bien, que je fais des balades à moto, que ma fille est une mangeuse de livres. Y a-t-il vraiment des gens pour croire que ce que j'y publie est réellement le reflet de la réalité ?

Facebook est un miroir aux alouettes : mettre un masque n'a jamais été aussi facile qu'à travers cet écran.

La vérité c'est que tout ne va pas bien. La vérité c'est que je suis en arrêt maladie depuis 15 jours et que je ne reprendrai pas : mon diabète est de retour, je passe mes journées en hyperglycémie, mes organes s'épuisent, mes yeux souffrent, ma fatigue est extrême. J'ai été jusqu'au bout de ce que je pouvais donner, peut-être même au-delà. Et pourtant, je m'en veux une fois encore. Cette année a été merveilleuse avec des collègues extras et des élèves simplement géniaux. J'ai une fois de plus l'impression de les avoir abandonnés. Je déteste finir une année comme ça. Mère Muco ne me lâchera donc décidément jamais la grappe ?

Je suis épuisée. Du haut de mes 35 ans, j'ai l'impression d'avoir moins d'énergie que des gens de 60. Notez que c'est bien, vu que cet âge-là, je ne l'atteindrai pas, ça me donne un aperçu... M'enfin ça ne m'aurait pas dérangée de la connaître plus tard cette sensation que votre corps craque, grince, s'épuise. Cette fatigue permanente qui me fait redouter même les départs en vacances et les nuits courtes. J'ai 35 ans et déjà trop vieille pour sortir.

Et puis il y a Angelina.

Déscolarisée depuis le 4 mai parce que sa maladie l'empêche désormais de tenir le rythme du collège. Elle a mal, toujours et est épuisée, toujours. Même après quelques heures de shopping ou de sortie agréable avec les copines, son corps est au comble de l'épuisement. Elle dort. Qu'elle que soit l'heure dans ces cas-là : 2h de shopping lui valent 3h de sommeil pour tenter de récupérer, ce qu'elle n'arrive pas à faire de toute façon. Se réveiller épuisée comme si elle n'avait pas dormi après 12h de sommeil, voilà son quotidien. Et ma bichette de 13 ans passe son brevet cette semaine et la semaine prochaine : cette semaine, oral d'histoire des arts. La semaine prochaine, les épreuves écrites. J'ai fait tout ce que j'ai pu, accompagnée par une fabuleuse prof à domicile, pour l'aider au mieux à rattraper tous ces cours qu'elle a manqués et pour se préparer à l'épreuve. Je suis la première à dire qu'en soi, le brevet n'a qu'un importance relative, sauf que pour elle, ça compte ! Comment accepter de se "ramasser" à cause de la maladie quand elle sait qu'elle a largement les capacités d'obtenir une mention ? Dure prise de conscience qui lui explose en pleine figure en pleine adolescence. Il va falloir apprendre à composer avec. Pour le brevet (2 jours d'épreuve à suivre me paraissent insurmontables compte tenu de son état actuel...) mais aussi et surtout dans les années à venir...

Alors voilà, Facebook croit que je vais bien, que ma vie est bien remplie et que je n'ai plus trop le temps de publier. Mais la réalité est tout autre : je n'arrive pas à publier parce que je n'ai pas envie de tomber dans ce piège, parce que je n'ai pas envie de saouler les gens, parce que je n'ai pas envie qu'on vienne me dire : "mais pourquoi tu te prends la tête ? Profite de la vie, c'est tout ce que tu as à faire !" Si seulement c'était si simple... Moi l'adepte du CARPE DIEM, il est parfois bien lourd le DIEM...

Ne vous méprenez pas, je reste positive et pleine de projets : reprise d'études l'année prochaine, j'ai entrepris de faire du théâtre et du violon qui est une vraie révélation après 28 ans de piano, retour au boulot en septembre en abaissant mon nombre d'heures. Mais voilà, j'avais envie de vous dire ce qu'était ma vie en vrai en ce moment, parce que Facebook ne sait pas tout...

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19 février 2015

Parce que c'est elle !

Alors voilà, pour une fois ce post ne sera pas consacré à ma santé, bien que quels que soient les sujets abordés, de près ou de loin, Mme Muco, formate, impose, influence.

Soit.

Aujourd'hui je suis plutôt dans la situation que d'aucuns d'entre vous ont dû rencontrer un jour : ma fille est une ado... Sisi, déjà !

La cohabitation mère/ado n'est semble-t-il pas toujours simple et je crois que je n'ai pas trop à me plaindre : elle est plutôt sympa mon ado. Mais moi, est-ce que je suis vraiment une bonne maman ? Est-ce que j'arrive réellement à lui apporter tout ce dont elle a besoin ? Est-ce que je prends suffisamment en compte son handicap sans trop focaliser dessus non plus ? Est-ce que je suis à la hauteur pour apporter à mon petit zèbre tout ce dont il a besoin ?

Ma miss est fibromyalgique. Ma miss est une enfant précoce qui du haut de ses 13 ans tout juste, termine son année de 3ème. (L'an prochain au lycée ??? Non mais, elle, peut-être, mais moi je ne suis pas prête !!!!) Alors oui, elle est comme toute ado : parfois rebelle, parfois tête en l'air, souvent maladroite voire malhabile (Gaston quoi, mais enfin elle fait ce qu'elle peut avec sa dyspraxie), parfois un tantinet agressive, parfois "je m'en foutiste"... Mais elle est aussi câline, attentionée, hypersensible, attachante, souriante, positive quoi qu'il arrive, empathique...

Elle a mal ma minette, tout le temps, à des degrés plus ou moins supportables, et en toute honnêteté, je ne sais pas quoi faire. Parfois je m'énerve contre elle mais c'est à moi que j'en veux parce que je ne sais pas comment réagir. Quand les esprits s'apaisent, je m'excuse, je lui explique, elle me pardonne, enfin je l'espère. La vérité, c'est que je ne me serais jamais imaginé vivre ce rôle inversé et être à mon tour parent d'enfant malade.

Commet fait-on pour savoir qu'on ne passe pas à côté ? Comment fait-on quelle part l'impact de ma p***** de maladie a eu dans sa vie à elle ? Suis-je passée à côté de quelque chose ?...

Je grogne, souvent. Je crie, parfois. Je fais des câlins, beaucoup. Nous parlons toutes les deux : de tout, enfin, tout ce dont elle veut bien parler avec moi, je ne suis pas dupe à ce point ^^ Mais j'essaye d'être là, autant qu'elle peut en avoir besoin et pourtant je sais que parfois je rate le coche, j'ai "autre chose à faire". Sottise ! Sans en faire une "enfant-reine", quoi de plus important que d'être là pour nos enfants ? Passer du temps avec eux ? Leur montrer que la vie est belle, quels que soient les obstacles, quelle que soit sa durée.

Ma fille sait que je ne suis pas éternelle, ça c'est un scoop, mais elle sait surtout que mon espérance de vie est limitée. Elle en est consciente mais nous nous donnons des défis parfois : je suis censée m'occuper de mes petit-enfants quand elle sera trop prise par son travail :-) En fonction des études qu'elle entreprendra, ça peut porter à loin cette histoire !!

Et qu'en pense sa petite tête de précoce de tout ça ? Ça carbure sec là-dedans... Suis-je suffisamment armée pour lui apporter ce dont elle a besoin ? Se sent-elle comprise ? Sa pensée en arborescence élabore bien des scénarios qui ne m'ont sûrement même pas traversé l'esprit...

Alors j'écris. J'écris mon impuissance, j'écris mon inquiétude, j'écris mon désarroi, j'écris ma crainte, j'écris aussi et surtout ma joie d'être la maman de la plus extraordinaire personne que je connaisse, juste parce que c'est elle ! (Quoi ? L'objectivité est comprise dans le package maternité non ? ^^)

 

10986467_601433403320162_1192348783571548923_o (2)Moyenne

2 janvier 2015

L'âge de raison.

Il paraît que l'âge de raison se situe aux alentours des 7 ans. Je n'en ai que la moitié : 3 ans et demi et quelques miettes de nouvelle vie.

Pourtant, je crois que j'ai fait le tour et qu'au-delà de mes rêves et de mes espoirs, j'ai fini par me trouver. En fait, je me suis REtrouvée...

J'ai mis un mouchoir sur mes ambitions, j'ai fait un trait sur mes illusions, j'ai compris ce qu'était la raison.

Je suis greffée, pas guérie.

Je suis muco et j'ai bientôt 35 ans (sisi je vous assure, 35 ans de maladie, ça use des os en passant par l'ouïe et la plupart de mes organes, j'envie les sexagénaires pleins de vie  ^^)

Je suis maman d'une ado dans toute sa splendeur qui gère son lot de galères aussi.

Je ne peux pas faire ce que "la vie" ne me permet pas de faire.

"Quand on veut, on peut !" Je suis d'accord dans certains domaines : se donner les moyens de réaliser ses projets, se donner les moyens de pousser les murs, de s'approcher au plus près de nos buts, ne pas rester figé dans la fatalité. Mais pourtant, on ne peut pas être maître de son destin dans tous les domaines, on est né avec des cartes en main. "Quand on veut, on peut !" Et si on arrêtait de mourir, tiens ! C'est vrai après tout, quand on veut se battre contre la maladie, on peut. Alors franchement, Cédric, Am. , Al. et tant d'autres, il suffisait de le vouloir pour ne pas mourir ! Ridicule !

Ce monde est trop souvent ridicule : on passe sa vie à rêver de ce qu'on pourrait faire parce qu'on ne se satisfait pas de ce qu'on vit. Paradoxe. Et si on vivait tout simplement ?

Facile de l'écrire, en serais-je capable ? C'est une autre histoire.

J'ai des rêves bien sûrs, certains réalisables et je ferais tout pour les atteindre, d'autres innaccessibles, je me fais une raison petit à petit. J'accepte. Encore. Mais c'est ça aussi la vie. Accepter et cesser de se battre quand ça permet d'avancer.

Aujourd'hui, je me sens plus sereine, j'ai cessé de me chercher. Aujourd'hui, j'ai accepté que ma vie après greffe ne serait pas celle dont j'avais rêvée.

Des questions subsistent bien sûr mais elles ne sont plus dans le pourquoi mais dans le comment : comment vais-je pouvoir m'accomplir professionnellement sans mettre en péril ma santé et la scolarité de mes élèves ? Comment vais-je arriver à être à la hauteur des attentes et de mon homme ? Je suis bien incapable de gérer un travail, la maison, être présente pour ma fille, pour mon homme. J'en oublie de penser à moi. Alors je m'organise. Enfin, je vais essayer : demander de l'aide. Ce n'est pas simple mais c'est un pas à faire pour approcher un peu plus du bien-être vers lequel je tends.

Ma fille grandit à une vitesse vertigineuse : dernière année de collège déjà. Période délicate je l'avoue. Période de l'affirmation de soi en affrontant maman mais pour rien au monde je ne râterai même la moindre engueulade ! Elle grandit, quel plus beau cadeau pourrait bien me faire la vie ?

Alors j'ouvre grand les yeux, je prends tout ce que je peux, je rame parfois encore un peu mais je ne cours plus après des chimères : la vie qu'on m'avait promise n'existe pas. En tous cas, pas pour moi.

J'accepte, c'est ainsi, j'ai grandi. J'ai atteind l'âge de raison...

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4 octobre 2014

Sérénité

Presqu'un mois que je ne me suis pas manifestée.

Le temps pour moi de me retouver. Le temps pour moi de me ressourcer. Le temps pour moi de trouver un équilibre.

On dit souvent qu'il faut toucher le fond pour pouvoir remonter. Je crois qu'il fallait que je descende si bas pour pouvoir revenir à la surface.

Oh, alors je ne suis pas complètement niaise non plus : la vie n'est pas rose et elle nous apporte son lot d'emmerdements quotidiens et puis ces périodes de détresse sont cycliques, je ne sais pour combien de temps je me sens enfin hors de l'eau...

Et pourtant, si quelque chose avait changé ? Si j'avais enfin arrêté d'essayer de trouver qui j'étais au lieu d'être simplement qui je suis ? Si j'avais enfin compris que ma vie est devant moi, même si je sais que la durée ne sera pas la même que tout un chacun, au lieu de regarder derrière moi ?

Je n'oublie rien. Je n'oublierai jamais rien. J'apprends à vivre avec.

Mon frère est parti depuis 13 ans mainenant, le 2 octobre fut une journée difficile. Un peu comme si j'étais là sans y être, un peu comme si j'étais 13 ans en arrière. Un peu comme si mon corps et mon esprit n'était pas un tout. Cédric n'a pas eu la chance de vivre. 25 ans c'est bien trop jeune pour mourir. J'en ai presque 10 de plus que mon grand frère maintenant... Et si je vivais vraiment, moi qui ai la chance d'être en vie !

J'ai, depuis ma greffe, l'impression que je ne contrôle rien, que je me laisse embarquer dans le troubillon de la vie. Aujourd'hui je veux reprendre ma vie en mains : c'est moi qui décide, j'ai été "patiente" assez longtemps !

Alors des projets naissent : j'aime mon travail, vraiment. Depuis 10 ans maintenant, j'enseigne et j'aime ça. Je me lance enfin et je m'inscris pour passer le concours interne. Je ne m'en serais jamais cru capable et j'ai toujours refusé de le faire. Aujourd'hui je me sens prête. Peut-être ai-je besoin de relever des défis autres que celui qui consiste à rester en vie...

Des projets plus personnels sont présents aussi mais pour l'instant je prends tout simplement le temps de vivre, vivre MA vie.

Merci à tous ceux qui sont à mes côtés, merci de m'avoir aidé à ne pas me sentir seule. Ludo, mon pilier; Delphine, ma confidente; Audrey, mon amie qui a toujours le mot pour me redonner le sourire; AG, indéfectible et quelques autres encore réels ou virtuels... Merci d'être là.

Je ne ronge plus mes ongles, je n'ai plus de problèmes de sommeil ni de stress ou d'angoisse, serait-ce enfin ce que l'on appelle un peu de sérénité ?

7 septembre 2014

Une bouteille à la mer.

Une nouvelle année scolaire vient de débuter. Me voilà dans le privé maintenant, avec des lycéens à enseigner le latin. Gros défi mais j'adore ça, et pourtant je ne suis pas sûre d'en être capable.

Pourquoi ai-je perdu toute confiance en moi ?

Pourquoi ne suis-je plus sûre de ce que je veux et de qui je suis ?

Comment peut-on se sentir étranger dans son propre corps ?

Il y a un peu  plus de trois ans je suis morte. L'espace de quelques secondes ou minutes, je ne saurais dire, mais je suis morte.

J'ai vu. Et je ne crois pas. J'ai vu.

Je me souviens aussi très bien de la panique de l'infirmière et des médecins quand je suis enfin revenue qui me suppliaient de respirer.

Je ne sais exactement où je suis allée à ce moment-là mais je devais être dans un coin très reculé de mon cerveau, si loin que c'es peut-être bien ceux que certains appellent ça une expérience de mort imminente.

Qui est revenu ce jour-là ? Je ne sais pas.

Pas elle, la Séve d'avant. Pas moi.

Mais au fond, qui suis-je ?

"Je" ne vis plus vraiment, mon corps fonctionne en automate maintenant qu'il le peut. Ma tête est ailleurs. J'ai gardé une très bonne maîtrise du masque de circonstance que j'adapte à loisir. Et pourtant, je ne me sens plus capable de le porter tout le temps...

Un maison, une adorable jeune fille, un travail. Les conditions idéales pour faire une dépression sûrement !

J'ai peur, j'angoisse, je craque.

J'ai besoin d'aide. J'ai su en demander, à des amis, à mon médecin. Je ne serai qu'un peu plus shootée à l'avenir...

J'appelle au secours mais on ne m'entend pas toujours.

Parfois on me demande ce qu'on peut faire pour m'aider et je dois bien reconnaitre que je n'en ai pas la moindre idée.

Au final, si je pouvais simplement arrêter de penser.

22 août 2014

Fait chier la vie.

Trouver des mots quand aucun n'est à la hauteur de ce que l'on ressent est bien difficile.

La vie n'est jamais ce que l'on en attend, la vie est une série d'embûches, la vie nous malmène, la vie nous tue.

Je suis triste, je suis révoltée, je suis déprimée. Et je n'ai pourtant pas le droit de me plaindre, je m'en sors bien dans cette loterie. Une étoile de plus brille dans le ciel depuis hier et ça me révolte. Il n'y a pas de mots sur ces maux là.

Je ne suis plus aussi forte qu'avant. Je suis en vie, oui, mais plus comme avant. C'est comme si la greffe avait laissé des séquelles irrémédiables sur mon corps (c'est un fait) mais sur mon esprit aussi. Avant ma greffe, je ne me suis jamais sentie aussi fragile, je ne me suis jamais sentie aussi perdue. Je cherche qui je suis, je cherche depuis trois ans. Je n'ai pas encore trouvé. Peut-être ne suis-je plus rien. Mon passé m'empêche de devenir tout à  fait une autre mais il m'empêche aussi de rester celle que j'étais, celle-là, je la connaissais.

Je dois apprendre à faire ma route, seule, obstinément, pas à pas.

Je dois trouver mon chemin dans ce monde qui ne rime à rien.

Je ne fais qu'avancer mais pour aller où ? Même cet article a des relents de déjà vu...

Je tourne en rond dans mon bocal à la différence que ma mémoire n'a rien de celle d'un poisson rouge. Je n'oublie rien et pourtant j'aimerais tant oublier. Je n'oublie rien, ça me rend incapable d'avancer ou du moins de tourner la page, de passer à autre chose, à une autre vie. Mais quelle vie ?

Celle où l'on se bat au quotidien pour faire semblant d'être heureux ? Celle où on fait croire à ceux qu'on aime que tout va bien ? Celle où on peut mourir en quelques jours parce que c'est ainsi, ce n'est pas le destin, ce n'est pas Dieu ou Diable, c'est juste ainsi et incroyablement injuste.

Fait chier la vie.

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Histoire d'une deuxième vie.
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